On n’a plus le droit d’être surpris en 2019!
La cybersécurité et la réputation sont sur toutes les lèvres et au cœur de toutes les préoccupations. Tout comme les grandes puissances, États-Unis, Chine, Russie et Union européenne, la Confédération suisse et les cantons déploient des moyens et une énergie considérables pour protéger le cyberespace et garantir la souveraineté de leur Internet. Il en va de même pour l’économie privée. L’agence lausannoise VICI Swiss Competitive Intelligence SA, spécialisée en intelligence économique et protection de réputation, nous a ouvert ses portes.
Les technologies de l’information et de la communication ont bouleversé les rapports sociaux et les moyens d’interaction, notamment depuis l’avènement des réseaux sociaux. En juin 2019, chaque minute, 4,1 millions d’articles étaient «likés» sur Facebook, 7,6 millions de vidéos étaient consultées sur Youtube et 4,2 millions de requêtes étaient effectuées sur Google. Une institution aussi importante et visible que l’Armée suisse – qui est présente sur Facebook et Instagram – avait rassemblé au 31 mai 2019 autant de visiteurs sur ses réseaux sociaux que durant toute l’année 2018. L’augmentation du nombre de visiteurs des portails web de l’Armée suisse sera donc probablement supérieure de plus de 100% entre 2018 et 2019.
Le phénomène n’est pas prêt de s’estomper, bien au contraire. Les géants technologiques que sont Google, Apple, Facebook et Amazon redoublent d’ingéniosité pour intégrer de plus en plus Internet et les réseaux sociaux. Résultat, en l’espace de dix ans, nous avons toutes et tous été équipés de smartphones intégrant une caméra performante et des applications destinées à nous faciliter la vie (géolocalisation, GPS, achats en ligne, livraison à domicile ou encore moyens de paiement).
«L’évolution fulgurante des nouvelles technologies, aussi bien dans le passé récent que le futur proche, représente à la fois des opportunités incroyables et des dangers importants. L’opportunité c’est de vous permettre de communiquer vite, massivement et gratuitement et le danger c’est que d’autres peuvent en faire autant contre vous», explique Daniel Donnet-Monay, fondateur de VICI Swiss Competitive Intelligence SA et lieutenant-colonel au sein de l’Armée suisse. Il poursuit: «Récemment, nous avons été contactés par un important concessionnaire de Suisse romande qui ne comprenait pas pourquoi il était critiqué sur différentes plateformes par des pseudonymes qui prétendaient être des clients mécontents. Nous avons rapidement pu comprendre qu’il s’agissait, en réalité, d’une campagne de dénigrement orchestrée dans le but de nuire à la réputation de notre client.»
Des cas comme celui-ci, Daniel Donnet-Monay en traite des dizaines par année. «L’atteinte à la réputation – qui était encore cantonnée au café du commerce il y a dix ans – est désormais orchestrée et instrumentalisée sur des plateformes libres d’accès comme Google, Facebook, Twitter ou Booking. Notre rôle chez VICI est d’identifier, d’isoler et de marginaliser les effets que ces fakes news produisent», ajoute Daniel Donnet-Monay.
Une agence suisse qui agit dans le monde entier
Les clients de la société lausannoise sont très hétéroclites. Alexis Perret, CMO chez VICI: «Nous pratiquons un niveau de stricte confidentialité identique à ceux imposés aux avocats sur l’identité de nos clients et sur la nature de nos mandats. Ce que je peux vous dire, c’est que nous avons traité des mandats d’audits financiers et de solvabilité pour des banques, des affaires de conformité pour des assurances, des investigations pour le compte de clients d’études d’avocats ou sur des affaires de contrefaçons qui ont touché des manufactures réputées.»
Kevin Grangier, CEO du groupe, nous en dit plus: «Les technologies de l’information et de la communication ne connaissent pas de frontières et certains de nos clients ont été victimes d’attaques qui venaient d’un autre continent que l’Europe. Nous sommes capables d’agir dans le monde entier et de trouver des données et des informations dans une trentaine de langues.»
Nos séances se déroulent dans de banales salles de conférence mais au moment de débuter l’entretien, nous glissons notre téléphone portable dans une pochette hermétique aux signaux informatiques. Il est dès lors impossible de recevoir ou d’envoyer une quelconque donnée aussi longtemps que l’entretien dure. Impossible de nous géolocaliser, impossible d’enregistrer la séance ou d’accéder à Internet ni de recevoir un appel. De plus, une clause de confidentialité nous rappelle nos droits et devoirs aux yeux de la loi sur la protection des données et le secret professionnel. Aucune information ne nous sera donnée sur aucun client et sur l’identité des data analysts et data scientists qui collaborent au sein l’agence. À peine a-t-on pu savoir que l’agence travaillait avec des entreprises de toutes tailles – des études d’avocats aux multinationales – dans plusieurs pays et que ses collaborateurs proviennent principalement du monde scientifique et du monde militaire.
La meilleure défense, c’est l’attaque
«Se protéger contre les fake news et défendre sa réputation sont importants. Mais ce n’est qu’une première phase! Nous voulons faire la différence en incitant nos clients à passer à l’offensive en adoptant une politique d’influence de leur marché et de leur écosystème», rajoute Daniel Donnet-Monay. Selon lui, en Europe et en Suisse, les mentalités sont encore trop fébriles et trop peu entreprenantes. Son avis est également partagé par Christian Harbulot, directeur de l’Ecole de guerre économique de Paris. Récemment, ce dernier militait sur «France Culture» pour une véritable prise de conscience européenne à ce sujet. Il critiquait la passivité des États européens dans la défense d’intérêts économiques stratégiques. La récente décision européenne interdisant la fusion de l’allemand Siemens avec le français Alstom afin de créer un géant européen du rail en est, selon lui, un des exemples frappants. Cette interdiction favorise de fait des géants chinois et américains du secteur.
Autre exemple récent, la volonté exprimée par le Kremlin de mettre sur pied un Internet souverain russe afin de s’affranchir du monopole américain en la matière. La guerre commerciale que se livrent Pékin et Washington autour de la société Huawei qui, du point de vue américain, serait une arme chinoise pour récolter des milliards de données est sans nul doute l’exemple le plus médiatique de ces derniers mois. La Suisse n’est d’ailleurs pas épargnée car c’est avec le géant chinois que les opérateurs suisses ont signé un partenariat pour l’introduction de la technologie 5G dans notre pays.
L’Europe doit se réveiller
«La mentalité passive des États européens influence passablement celle des entreprises. Or, c’est grave pour notre économie et notre prospérité car, pendant que les Américains, les Russes et les Chinois rivalisent entre eux, l’Europe refuse de voir la réalité en face et ce sont nos entreprises qui en paient le prix, comme Alstom, par exemple», rajoute Daniel Donnet-Monay.
Pour l’entrepreneur valaisan, il est indispensable que chaque entreprise se dote d’outils de veille stratégiques afin de monitorer et surveiller l’évolution de son propre écosystème et de sa réputation et, dans une seconde phase, d’influencer l’écosystème afin d’obtenir une pôle position par rapport à la concurrence. Et de conclure: «Désormais, avec les données gratuitement disponibles et les moyens technologiques modernes, tout le monde – même des individus isolés – peut se protéger et surveiller son environnement. On n’a plus le droit d’être surpris! Napoléon disait que perdre une bataille est acceptable, mais se faire surprendre est inacceptable. Désormais, chacun de nous devrait devenir Napoléon.»
Informations complémentaires sur www.vici-intelligence.ch
-
- Le schéma représente l’instrumentalisation dont sont victimes des entreprises suisses sur Internet. Des avis négatifs sont publiés par des utilisateurs agissant sous pseudonymes au service de la concurrence. Grâce aux investigations, les concurrents malhonnêtes sont démasqués.