Les nanomatériaux sont de minuscules particules invisibles à l’œil nu. Ces particules sont néanmoins présentes dans nos vies quotidiennes, dans des produits de tous les jours tels que la nourriture, les cosmétiques, les produits électroniques et les médicaments.
Adaptation Félix Glutz
Si certains nanomatériaux sont naturels, d’autres sont des produits dérivés d’activités humaines, ou encore des produits fabriqués à des fins spécifiques. Bien que les nanomatériaux présentent de nombreux bénéfices, l’état des connaissances actuelles est très insuffisant et ne nous permet pas de déterminer avec précision les risques qu’ils représentent pour la santé. Tant que les recherches en cours dans ce domaine n’auront pas abouti, il convient donc de mettre en place des mesures préventives particulières pour la gestion de ces matériaux.
Qu’est-ce qu’un nanomatériau?
Un grand nombre d’organisations s’accordent pour définir un nanomatériau comme un matériau contenant des particules dont au moins une des dimensions externes est comprise entre 1 et 100 nanomètres (nm). Lire la définition des nanomatériaux par la Commission européenne .
Jusqu’à 10 000 fois plus petit qu’un cheveu humain, le nanomatériau a une taille comparable à celle d’un atome ou d’une molécule et tire son nom de sa nanostructure (1 nanomètre correspond à un milliardième de mètre). Le nanomatériau se distingue du matériau de plus grande échelle par sa taille, mais aussi par d’autres caractéristiques physiques ou chimiques, notamment sa forme et sa surface de contact.
Ces différences expliquent que les nanomatériaux représentent des opportunités séduisantes pour des domaines tels que l’ingénierie, les technologies de l’information et des communications, la médecine et la pharmaceutique, pour ne citer qu’eux. Cependant, ces mêmes caractéristiques qui confèrent aux nanomatériaux leurs propriétés uniques ont également un impact sur la santé humaine et l’environnement.
Où trouve-t-on les nanomatériaux?
On trouve les nanomatériaux à l’état naturel, dans les émissions volcaniques par exemple, ou dans les produits dérivés d’activités humaines, les fumées d’échappement de diesel ou encore la fumée de tabac notamment. Mais c’est la troisième catégorie de nanomatériaux, les nanomatériaux manufacturés, qui nous intéresse particulièrement. Ce type de nanomatériaux est déjà présent dans un éventail très large de produits et d’applications.
Certains nanomatériaux sont utilisés depuis des décennies: c’est le cas de la silice amorphe synthétique, qui entre dans la composition du béton, des pneus et de certains produits alimentaires. D’autres ont été découverts plus récemment, comme le dioxyde de titane, utilisé en tant qu’agent anti-UV dans les peintures ou les écrans solaires; le nano-argent, qui sert d’agent antimicrobien dans des applications textiles et médicales; ou encore les nanotubes de carbone, dont la solidité, la légèreté, les capacités de dissipation de la chaleur et la conductivité électrique sont autant de propriétés appréciées dans un très grand nombre d’applications (électronique, stockage de l’énergie, structures aérospatiales et automobiles, équipements sportifs). De nouvelles générations de nanomatériaux sont développées en continu et le marché devrait continuer de croître.
Quelles inquiétudes pour les nanomatériaux?
Les effets des nanomatériaux sur la santé sont source de grandes inquiétudes. Le Comité scientifique des risques sanitaires émergents et nouveaux (CSRSEN) a démontré qu’un certain nombre de nanomatériaux manufacturés représentent des risques pour la santé. Cependant, tous les nanomatériaux n’ont pas forcément un effet toxique: il est donc nécessaire d’opter pour une approche au cas par cas et de poursuivre les recherches sur le sujet.
Les effets toxiques les plus importants ont été constatés au niveau des poumons: les chercheurs ont notamment relevé des inflammations, des atteintes au niveau des tissus, des fibroses et des tumeurs. Le système cardiovasculaire peut également être atteint. Certains types de nanotubes de carbone peuvent avoir des effets similaires à ceux de l’amiante. Outre les poumons, les chercheurs ont découvert que d’autres organes et tissus peuvent être atteints, notamment le foie, les reins, le cœur, le cerveau, et même le squelette et les tissus mous.
Du fait de leur petite taille et de leur surface de contact importante, les nanomatériaux sous forme de poudre peuvent présenter des risques d’explosion, contrairement aux matériaux grossiers dont ils sont issus.
Nanomatériaux sur le lieu de travail?
Si les travailleurs peuvent entrer en contact avec des nanomatériaux lors de la phase de production, un nombre encore plus important d’entre eux peuvent être exposés aux nanomatériaux à différents stades de la chaîne d’approvisionnement sans même en être conscients; dans ce contexte, il est probable que des mesures visant à prévenir l’exposition des personnes soient insuffisantes.
Une exposition peut survenir dans un grand nombre de configurations, lorsque des nanomatériaux sont utilisés, manipulés ou traités et peuvent donc être dispersés dans l’air ou inhalés, ou entrer en contact avec la peau; cela peut être dans le contexte de travaux de santé ou de laboratoire, mais aussi dans des travaux de maintenance ou de construction.
Le lieu de travail: comment gérer les risques
La législation européenne en matière de protection des travailleurs s’applique aux nanomatériaux, même si elle n’y fait pas explicitement référence. Cette législation oblige les employeurs à évaluer et gérer les risques liés aux nanomatériaux sur le lieu de travail. Si l’exploitation et la génération de nanomatériaux ne peuvent pas être éliminées ou remplacées par des processus utilisant d’autres matériaux ou présentant un niveau moindre de danger, il convient de limiter autant que possible l’exposition des travailleurs en mettant en œuvre des mesures de prévention ancrées dans une hiérarchie de mesures de contrôle spécifique. Cette hiérarchie devra accorder la priorité à:
- la mise en place de mesures de contrôle technique à la source;
- la mise en place de mesures organisationnelles;
- l’utilisation d’équipements de protection personnelle, en dernier ressort.
Bien qu’un grand nombre d’incertitudes demeurent, les risques que représentent les nanomatériaux pour la santé et la sécurité sont source de grandes inquiétudes. C’est pourquoi les employeurs comme les travailleurs doivent suivre le principe de précaution, tant dans le domaine de la gestion des risques que dans le choix des mesures de prévention.
Il peut être difficile d’identifier des nanomatériaux, leurs sources d’émission et le niveau d’exposition; des guides et outils sont disponibles afin d’aider les entreprises à gérer les risques liés aux nanomatériaux sur le lieu de travail.
Pour de plus amples informations, contacter l’Agence européenne pour la sécurité au travail, adresse courriel: information@osha.europa.eu